jeudi 17 mars 2022

Intervention Centrale de Gardanne au Congrès FNME CGT mars 2022


Chers camarades, avant de commencer, permettait moi au nom du syndicat de la centrale de Gardanne et de ses syndiqués de vous apporter notre salut fraternel.

Tout en étant non exhaustif, malgré tout, je vais essayer de vous faire un historique de notre lutte.

En 2017, Le Président de la République annonçait la fermeture des 4 dernières Centrales charbon en France dont celle de Gardanne.

Dès cette annonce, les travailleurs de la Centrale de Gardanne avec la CGT se sont mobilisés contre cette décision incohérente.

Le 7 décembre 2018 les travailleurs de la Centrale de Gardanne avec la CGT décident d'une grève reconductible pour obtenir un moratoire.

Ce rapport de force mis en place intègre une démarche convergente avec la Fédération Nationale Mines Énergie, la Fédération Nationale des Ports et Docks, l’Union Départementale des Bouches du Rhône, le syndicat des dockers de Fos et le syndicat du Grand Port Maritime de Marseille, afin de maintenir les centrales à charbon en production :


  • Sachant que 46% d’électricité produite dans le monde est à base d’énergie fossile,
  • Sachant que les centrales à charbon en France représente moins de 1% des émissions de CO2,
  • Sachant que les moyens de dépollution de ces installations existent,
  • Sachant que le charbon fait partie du mix énergétique pour la réponse aux besoins dans le cadre d’un service public de l’énergie.


En parallèle notre organisation travaille à l’élaboration d’un projet industriel permettant le maintien des capacités de production et le développement de l’emploi sur le site de la centrale de Gardanne.

Par la lutte et la solidarité de nombreuses organisation de la CGT, nous avons obtenu les financements aux études nécessaires à l’élaboration des projets industriels.

Alors que le conflit se durcit, suite à l'annonce de la fermeture, l'entreprise est rachetée par le milliardaire Kretinsky, l’unique actionnaire du groupe EPH.

Il n'était pas difficile de comprendre que des arrangements avaient été conclus entre l'État et ce dernier, au détriment des travailleurs.

EPH étant connu pour reprendre des Centrales charbon en Europe et les faire fonctionner à moindre coût jusqu'à la casse industrielle et sociale.

Dès cette prise de contrôle, nous avons dénoncé et combattu la stratégie de morceler l’entreprise et de fermer les outils de production. Ce n’est pas en rebaptisant l’entreprise GazelEnergie que les orientations ont changé pour autant.

Les travailleurs organisés avec la CGT ne sont pas dupes et restent déterminés à lutter. GazelEnergie n’a pas tarder à mettre en place son plan de licenciements, avec l’arrêt de la tranche charbon et la suppression de 98 emplois sur le site.

Malgré l’annonce de l’arrêt du charbon par le gouvernement, des licenciements par l’entreprise, nous avons continué l’élaboration de projets industriels permettant la réembauche des licenciés, le maintien de l’unité Biomasse et le développement industriels du site.

Le décret du 21 janvier 2022 modifiant les taux d’émissions de CO2 démontre l’absurdité de la décision prise en 2018 par Macron.

Il est clair que les positions prises par le gouvernement sur les centrales à charbon n'étaient que dogmatiques, ne prenant pas en compte la réponse aux besoins.

Loin d’être isolés dans cette lutte de nombreuses organisations de la CGT nous soutiennent et y participent :
- soit par solidarité
- soit par convergence revendicative et cela dépassant les frontières de notre département.

Notre démarche, nous amène à réfléchir collectivement et toujours dans l'intérêt des travailleurs à la stratégie à mettre en place dont l'objectif est la victoire.

Cette victoire passera nécessairement par :

  • une tranche Biomasse qui fonctionne garantissant l'emploi aux travailleurs non licenciés ainsi que l’ensemble des activités connexes y compris celles de nos camarades Dockers et Portuaires.
  • La réalisation de projets industriels permettant le réembauche au statut IEG des travailleurs licenciés et le développement de l’emploi sur le site.
  • La mise en place d'un tuilage permettant de maintenir l'ensemble des conditions salariales et sociales liées au statut IEG.


Les positions des organisations CGT qui ont portées ce dossier et l’ensemble des évènements survenus pendant la période nous donne raison.

Il y a une nécessité au maintien des centrales à charbon dans le mix énergétique français pour un service public de l’énergie.

Certains portent, y compris dans notre organisation, que la transition énergétiques ou écologiques passerait par la casse de nos outils de production.

Les politiques capitalistes misent en place depuis des décennies par les différents gouvernements ont pour conséquences, l’affaiblissement de notre indépendances énergétique, augmenterait la précarité, mènerais une désindustrialisation et de fait à la fermeture de nos services publics.

Ce qui polluent, sont ceux qui possèdent. N’oublions pas que les travailleurs et la population sont les premières victimes de la non volonté des entreprises à ne pas investir dans la dépollution de nos outils de production afin de rendre compatible les questions environnementales et le développement industriels de notre pays.

La CGT doit porter un réel projet de société alliant industrie et environnement et ne pas céder aux dictât écologiques.

La situation de la centrale de Gardanne en est un exemple, de faire du sud de la France le bronze cul de l’Europe.

Pour la CGT des Bouches du Rhône, pour la Fédération Nationale Mines Energie et le syndicat CGT de la Centrale de Gardanne nous revendiquons le droit de travailler et vivre dignement dans les Bouches du Rhône.

Pour nous la régression sociale et industrielles ne se négocie pas, elle se combat. Les tribunes signées, les collectifs tels que « plus jamais ça », ne sont pas portées par notre fédération, notre union départementale et notre syndicat, et sont à l’encontre de nos orientations.

Le 4 Mars, grâce à la démarche de l’ensemble des organisations de la CGT engagées dans la lutte pour un avenir à la centrale de Gardanne, et à travers la solidarité de chacun d’entre vous , nous avons obtenu un relevé d'engagements lors de la table ronde .

Ce relevé d’engagements tripartite (entre l’Etat, GazelEnergie et la CGT) indique les points suivants :

  • Les salariés licenciés contraints dans le cadre du PSE seront embauchés
  • (au statut IEG) et formés au titre des nouveaux projets ;
  • La réalisation de projets, en particulier :
    • HYNOVERA
    • GREEN GAZ GARDANNE (le projet des travailleurs)
  • Les projets devront permettre les réembauches à compter de 2025 ;
  • Dans l’intervalle sera mise en œuvre une solution d’accompagnement des salariés licenciés contraints au-delà des dispositions prévues par l’ordonnance du 29 juillet 2020 “Tuilage”.


La lutte des travailleurs avec la CGT, a permis d’obtenir ces engagements. Une nouvelle étape vient donc d'être franchie mais la victoire n'est pas encore atteinte pour autant. La lutte continue et nos organisations resteront vigilantes et prêtes à agir afin de concrétiser cette série d'engagements par la signature d’un accord.

Encore une fois, cette nouvelle avancée n'aurait pas pu se faire sans la participation de nombreuses organisations de la CGT. Les travailleurs de la Centrale de Gardanne et leur syndicat CGT tiennent à saluer particulièrement la FNME et ses syndicats qui ont tout mis en œuvre pour faire vivre la convergence et la solidarité autour de notre lutte et ainsi nous permettre d'élever notre rapport de force.

A tous nous vous disons merci pour cet engagement et cette détermination à nos cotés. Tous ces moments passés autant dans les moments difficiles comme pendant la mise sous protection de notre site par les travailleurs en octobre dernier ou pendant les moments fraternels. Tous ces moments ont participé à nous faire avancer.

Nous pensons très humblement que chaque lutte des travailleurs peut amener à une victoire, nous avons tous besoin d'une CGT qui met en place une stratégie de lutte claire et à tous les niveaux.

C'est ce que nous avons essayé de faire à la Centrale de Gardanne, en élargissant notre combat, créant des convergences qui peuvent exister avec toutes les professions. Tous les combats sont interprofessionnels et c'est bien le rôle de la CGT, de la confédération, d'inter professionnaliser les luttes pour que chaque travailleur, peu importe sa profession, puisse gagner sur ses revendications. Les luttes et les victoires des uns, amènent aux luttes et aux victoires des autres.

Pour cela, nous avons besoin d'une stratégie de lutte partagée et efficace.

Je conclurais mon intervention par une citation de Thomas Sankara : L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte, ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur, s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir.

Seule la lutte libère.

VIVE LE 7ÈME CONGRÈS DE LA FNME !!

VIVE LA CGT !! VIVE LES TRAVAILLEURS EN LUTTE !!

CEUX QUI VIVENT SONT CEUX QUI LUTTENT


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